Position dans l’interprétation

Yves Vanderveken

A méconnaitre la nature de l’inconscient freudien, insiste Lacan, le psychanalyste est conduit à se fourvoyer dans son orientation. 

« Que le symptôme soit symbolique n’est pas tout dire[1] », poursuit-il. C’est à verser dans un symbolisme de l’inconscient que Freud considéra Jung comme étant sorti du champ de la psychanalyse proprement dite.

En toute lettre, Lacan veut attirer notre attention sur ceci : le symptôme, comme formation de l’inconscient, n’est pas une signification ! Il ne veut pas dire quelque chose.

C’est la fonction du signifiant qui s’y avère prévalente. L’inconscient est un fait de langage, en tant que ce sont ses lois qui surdéterminent la formation du symptôme. Dans l’inconscient, ça parle. Il est structuré comme un langage. 

C’est-à-dire que le symptôme a selon Freud – pour mériter ce nom au sens analytique – une condition constituante : qu’un élément mnésique antérieur soit employé inconsciemment comme élément signifiant pour déformer et chiffrer le vécu actuel. L’oubli du nom Signorelli constitue le paradigme de cela, avec le jeu métonymique de permutation de « lambeaux de discours[2] » qui surgissent pour constituer par contiguïté sémantique les noms venant dans l’association-libre à la place du nom oublié.

Jacques-Alain Miller précise : si on ne retenait « que çà de la théorie technique de Lacan ce serait déjà beaucoup[3] » ! 

Pourquoi ?

Parce que cela induit une position tout-à-faire distincte dans l’interprétation de se régler sur le signifiant du symptôme. Cela dégage l’interprétation du sens. 

On n’interprète pas de la même façon selon qu’on considère que le symptôme recèle un message caché, un sens enfoui, une histoire refoulée ou que se loge au cœur du symptôme, en tant qu’il est un texte à lire, un signifiant qui ne veut rien dire !


[1] Lacan, Jacques « La psychanalyse et son enseignement », Écrits, Seuil, Paris, 1966, p. 434.

[2] Ibid., p. 443.

[3] Miller, Jacques-Alain, « Du symptôme au fantasme et retour », L’orientation lacanienne, cours du 24 novembre 1982.